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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Crimes du futur




Ayant grandement apprécié Dead Ringers cette semaine, je me suis mis dans l'idée de revisiter et de découvrir certains films du grand maitre du Body Horror. Crimes du futur était le premier film sur ma liste et il ne m'a pas déçu bien que ne possédant pas ce je ne sais quoi que m'avait procuré Dead Ringers. 


Néanmoins, ce film m'a permis de retourner dans le monde grotesque de Cronenberg, peuplé d'excroissances, de chair et d'humains réimaginés. Au-delà d'un cabinet de curiosité haut en couleur qui fait frémir de peur et de lubricité (je ne juge pas), le transhumanisme qui habite la filmographie du réalisateur et particulièrement ce film, permet de nous questionner sur ce qu'est l'humain et sur ce qu'il pourrait devenir. 


Dans Crimes du futur, ce questionnement prend la forme de deux artistes de performances, se servant du corps humain et de la disparition de la douleur pour créer à partir de ce qui se trouve littéralement en chacun de nous: des organes. Ainsi se développe ce film étrange qui met non seulement le corps au premier plan, mais aussi la technologie et notre adaptation à celle-ci et à un monde en constant changement. Que ce soit le jeune garçon du début du film, capable de digérer du plastique, ou la cauchemardesque chaise sur laquelle Vigo Mortensen doit s'assoir à chaque repas, Cronenberg nous montre des possibilités terrifiantes, mais illustrant ultimement les conséquences du train de vie insoutenable de l'homme moderne, un sous-texte appuyé par les décors vaguement postapocalyptiques dans lesquels se déroule le film. Toutes ces inventions sont soit un refus, soit une extension du corps humain, changeant lui aussi, comme une punition pour tous les abus de notre siècle. Malgré cela, il faut aller de l'avant et accepter le changement, aussi effroyable soit-il.


Huit ans après son dernier film et au crépuscule de sa quatre-vingtième année, Cronenberg prouve une fois de plus sa capacité à nous tordre les tripes tout en offrant une expérience intéressante et complètes. 


Les deux personnages principaux sont bien explorés et permettent de dévoiler le monde du film avec aise et simplicité. La même chose ne peut pas être dite de tous les acteurs, malheureusement. On pensera notamment au personnage de Kristen Stewart qui délivre ses lignes d'une façon laborieuse et tout simplement détestable, sans vraiment apporter quoi que ce soit au personnage. De la même façon, Welket Bungué jouant le rôle du détective n'est pas tout à fait à la hauteur du film, offrant ici un jeu d'acteur qui m'a semblé un peu mou et amateur. Peut-être était-ce un problème à l'écriture qui s'est répercuté dans la performance, mais dans tous les cas, ce personnage m'a semblé plat et mal développé.


Outre ces détails, ce film est excellent, que ce soit du côté de la bande sonore ou des effets spéciaux pratiques et digitaux se mêlant très bien entre eux à l'image et étant toujours à la hauteur des ambitions de Cronenberg. J'appréhendais beaucoup la façon dont seraient gérées les scènes chirurgicales, mais celles-ci étaient bien maitrisées et réalistes malgré la difficulté du sujet.

Ce film est donc une grande réussite arrivant sans doute en fin de carrière pour ce grand réalisateur qui nous offre donc l'un de ses meilleurs films en dernier. Je l'ai déjà dit, mais il me semble important de le répéter, Cronenberg est l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, mais sa fixation sur le thème du corps humain l'a rendu peu accessible et l'a parfois classé à tort dans la lignée de ces réalisateurs d'horreur dépourvus de toute autre ambition que celle de faire peur. La réception de ce film à Cannes m'a donc agréablement étonné. Cronenberg a sans aucun doute trouvé son audience, mais il faut souhaiter qu'un public plus général saura aussi apprécier son travail à sa juste valeur, dans un avenir proche. 


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