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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

D'Aldous Huxley à Sénèque, le stoïcisme du meilleur des mondes

Dernière mise à jour : 1 mars 2022


Aldous Huxley a toujours été très ouvert à comparer 1984 de George Orwell à sa propre oeuvre dystopique; le meilleur des mondes. Si l'on oublie Farenheit 451 de Bradbury, 1984 et le meilleur des mondes sont définitivement les deux classiques du sous-genre de la dystopie. Si le premier tiens l'humanité dans une poigne de fer serrée, le deuxième ne nécessite même pas de poigne, car ce sont les humains eux même qui provoquent leur perte et qui s'emmurent dans les vices.


Le meilleur des mondes m'a donc toujours semblé être le meilleur des deux livres, non en raison sa structure ni à cause de la qualité de son écriture, mais plutôt en raison de l'horreur que son thème m'évoque. La douleur est bien plus profonde et vicieuse. Ce n'est pas un emprisonnement physique, mais un confinement mental dans les plaisirs instantanés.

 

Le plaisir et la vertu


Le meilleur des mondes nous présente une société où tous on succombé au plaisir, le méprenant pour le souverain bien. Par cette simple idée, Huxley est parvenu a créer un livre terrorisant que je ne suis pas prêt d'oublier. Néanmoins, il n'est pas le premier à nous avoir averti de ce danger. En réalité, on peut remonter l'origine de cette pensée au Stoïcisme de l'antiquité et plus précisément à la lettre de Sénèque à son frère, maintenant publiée sous le nom de "La vie heureuse".

Dans cette lettre, Sénèque s'adresse à son frère, Gallion, et le prévient des dangers du mode de vie qu'il a choisi. D'après la lettre, Gallion semble croire à une version déformé de la philosophie épicurienne. Cette pseudo-philosophie se limitait à une simple idée; le plaisir est synonyme de la vertu, et c'est par elle que l'on devient moralement juste.


Sénèque, dans sa lettre, avance qu'une vie entièrement basée sur le plaisir mène inévitablement à la perdition dans l'excès. Dans la brièveté de la vie, un autre texte de Sénèque, il va jusqu'à dire que c'est gens perdent leur vie entière et la finissent en étant malheureux. À l'inverse, il fait la promotion du stoïcisme et de la sagesse qu'apporte cette philosophie.


 

L'homme heureux est donc celui qui a le jugement droit, celui qui se contente du présent, quel qu'il soit, et qui aime ce qu'il a. L'homme heureux est celui auquel la raison fait agréer toute situation de ses affaires. Ils voient, ceux-là même qui ont dit que le plaisir était le souverain bien, quelle honteuse place ils ont assignée à ce dernier.

Sénèque, La vie heureuse

 

C'est exactement ce que promeut Huxley en exhibant le déclin de l'Homme et son état. Dans "Le meilleur des mondes", il montre une société utopique sans tabou sexuel ou l'homme à droit de faire ce qu'il lui plait et est même fortement sollicité par ses pairs afin de succomber aux plaisirs. L'utilisation de drogue est totalement acceptée et ses effets sont vus comme étant bienfaisant, sans conséquence.

 

Conséquences


La conséquence directe, ou la plus évidente est la formation de nombreuses classes sociales dans la société qu'imagine Huxley. Ces classes sociales donnent des privilèges à certaines classes et en désavantage d'autre, d'une manière complètement subjective, comme si les membres des castes supérieures avaient été choisis au hasard. Néanmoins, personne ne souhaite se rebellé de cette situation injuste, car tous sont sous l'emprises de drogues qui voilent leurs perceptions et les empêches de réfléchir pour eux-mêmes. D'ailleurs, le contrôle des naissances in vitro et l'impossibilité morale de concevoir des enfants naturellement permet de garder un nombre fixe d'individus dans chaque classe et contribue à la stabilité de la société.

Néanmoins, Huxley crée une dichotomie entre ce monde et le notre en introduisant le personnage de John le sauvage. Celui-ci vient d'un endroit où la société possède encore des tabous et des interdits, ainsi qu'une vision plus Anti-Épicurienne du monde, ce qui permet d'avoir un référent "contemporain'" dans le récit. En outre, il permet de démontrer l'importance des efforts, de l'adversité et de leurs bienfaits sur l'humain. Par ce personnage, Huxley démontre que l'humanité ne devrait pas aspirer à l'utopie, car celle-ci mènerait à sa perte. L'utopie réduirait les individus à une stase perpétuelle ou à une inconscience de sa propre condition. C'est justement ce danger que Sénèque décrit dans sa lettre.



 

Je ne sais pas si Huxley avait "La vie heureuse" en tête lorsqu'il eut l'idée du Meilleur des mondes. Je ne sais pas non plus s'il était conscient que son récit de mise en garde se cadrait parfaitement dans la philosophie stoïcienne. Néanmoins, j'ai trouvé que ce détail plus qu'important dans l'ouvrage d'Huxley méritait d'être abordé dans un article étant donné que je n'ai pas encore entendu qui que ce soit parler de cet aspect du Meilleur des mondes.



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