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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Dead Ringers

Dernière mise à jour : 29 janv.


Dead Ringers est l'un des films que j'ai le plus appréciés ces derniers temps. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi investi dans un film, particulièrement un film d'horreur.


Je reproche souvent à ce genre de manquer de subtilité et de scénarios qui sont complets et thématiquement riches. Beaucoup trop d'entre eux n'apportent ni réflexions ni innovation, tout en passant à côté de leurs personnages.


Ici, on retrouve tout ce qu'il y a de mieux dans le genre, tout en enlevant son lourd bagage de jumpscare et d'imagerie horrifique grotesque et gratuite. C'est d'ailleurs souvent ça qui distingue les meilleurs films du genre des autres. La capacité à ne pas aller trop loin et à ancrer leurs histoires dans quelque chose de réel et d'important.


Dans Dead Ringers, cet ancrage se manifeste par l'entremise des personnages. Les deux jumeaux sont au centre de l'histoire et c'est leur descente dans la drogue et leurs problèmes interpersonnels qui en fait un film mémorable. C'est l'amour qui se construit et se déconstruit entre Beverly et Claire, c'est le contact qu'ont les jumeaux avec leur personnel à la clinique, leurs patients et leurs conquêtes, ce sont les difficultés qu'apporte la dépendance et la façon dont les frères Mantle s'entraident pour la combattre, c'est aussi et surtout la façon dont ses deux personnages succombent et résistent au lien qui les unis ainsi qu'aux mondes qui les séparent.


Ce n'est qu'ensuite que l'horreur entre en jeu pour appuyer la psychologie de nos protagonistes. Il y a bien évidemment les outils de gynécologie pour femmes mutantes, symbolisant la logique tordue que vient à adopter Beverly ainsi que le mal qu'ils ont causé à travers leurs jeux de séduction déceptifs. On comprendra au fil du film que ces outils ne sont pas à l'image de l'intérieur des femmes que les deux frères opèrent, mais plutôt une création reflétant leur créateur. Parmi les symboles les plus évidents et certainement les plus marquants, on retrouve aussi le rêve que fait Beverly et dans lequel les deux frères sont reliés par une excroissance évoquant le lien étroit entre les deux, ainsi que le rôle que joue Claire entre eux, tentant d'arracher le bout de peau qui les sépare avec ses dents. Il y a aussi les habits chirurgicaux rouges, faisant écho au sang menstruel et à celui que font verser les deux frères.


Pourtant le sang n'est pas nécessaire pour que l'horreur soit présente. On pensera notamment à la scène avec la patiente plus âgée réprimant des cris de douleurs face aux procédures insensibles de l'un des frères. Rien n'est explicitement montré dans cette scène au caractère pourtant très explicite, montrant l'étendue de la vision de Cronenberg, prenant des choix judicieux allant souvent à l'encontre du genre de l'horreur, mais contribuant à la tension et à l'expérience du film de façon plus générale. C'est ainsi qu'une brève scène nous montre l'un des frères se rasant devant le miroir à un moment critique du film. On s'attend à ce que le sang abonde dans un instant de rage ou de folie, à la manière de ce qu'avait fait un jeune Scorcese dans The Big Shave. Au lieu de cela, la tension ne fait que continuer à monter alors que Cronenberg nous amène à la prochaine scène, illustrant parfaitement la retenue avec laquelle le directeur aborde son sujet, ce qui paie tout au long du film.


L'atmosphère est elle aussi parfaitement maitrisée. La jeunesse des jumeaux et le parcours qui les a menés jusqu'au moment du film sont passés en revue en l'espace de quelques minutes avec beaucoup d'efficacité autant dans le dialogue que par le langage visuel. Les décors de l'appartement et de la clinique sont eux aussi magnifiques et s'agencent avec l'aspect froid des personnages et de l'histoire en elle même, tout comme le fait la caméra nous amenant dans la folie avec une élégance subtile et mesurée, de circonstance. La performance de Jeremy Irons est digne d'un oscar, nous faisant croire à 100% aux deux personnages qu'il interprète.


C'est donc un tour de force de toute part. L'unique point négatif que je peux apporter concernant ce film est que je me vois mal y retourner dans quelques mois. Il traite des sujets lourds et est plutôt demandant, de sorte qu'il sera surement difficile pour moi de le réécouter avant une bonne année au moins.


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