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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

La représentation des figures messianiques dans la science-fiction

Introduction: De Mithra à Jésus


Mithra est une divinité indo-iranienne issue à la fois de l’indouisme et du Zoroastrisme. Il fut vénéré par de nombreux peuples du Moyen-Orient dans l’antiquité, puis eut une courte popularité sous forme de culte à mystères dans l’Empire romain du premier au quatrième siècle de notre ère[1]. Le premier document faisant mention de cette déité est un traité aux alentours de l’an 1330 avant Jésus Christ.


Bien que plus d’un millénaire sépare Mithra du sauveur chrétien, la ressemblance est frappante entre les deux divinités. Mithra est né d’une roche un 25 décembre et il reçut des cadeaux aromatiques en l’honneur de sa naissance miraculeuse[2]. Dans la tradition achéménide, il était considéré comme l’homme destiné à sauver le monde et comme le médiateur entre le ciel et la terre chez les zoroastriens. Ceux-ci l’appelaient le rédempteur et la coutume voulait qu’on lui demande la pitié et le pardon. Finalement, il est dit de Mithra qu’il fut crucifié à un arbre pour « expier l’humanité de ses péchés »[3].


Face à ces ressemblances flagrantes, on pourrait à première vue penser que l’une des deux divinités est née du mythe de l’autre, mais une telle considération manquerait de comprendre la complexité de l’évolution d’un mythe. Si Mithra était vénéré bien avant l’existence de Jésus, son histoire s’est inévitablement déformée lorsqu’elle fut importée dans l’Empire romain en l’an 80 de notre ère. Le culte de Mithra étant un culte ésotérique, il n’existe aucun texte sacré du culte[4] et l’information se propageait oralement, ce qui était propice à l’altération de l’histoire de Mithra. Les évangiles relatant l’histoire de Jésus quant à eux furent écrits entre l’an 65 et 110[5] de notre ère et ne furent canonisés qu’en 180. Le christianisme et le mithraïsme se propagèrent donc au même moment et au même endroit.


L’étrange ressemblance entre les deux personnages serait-elle alors causée par le partage d’un même environnement culturel ? Encore une fois, la conclusion est hâtive et il faut regarder le sujet avec un angle encore plus large ; celui de la narratologie.


En effet, Mithra et Jésus ne sont pas les deux seules divinités à posséder les attributs précédemment cités. Parmi les mythologies et les religions les plus influentes précédant l’ère commune, on peut entre autres relever Krishna, Zoroastre, Bouddha, Osiris, Horus, Prométhée, Adonis, Romulus et Quetzalcoatl[6]. Certains sont des demi-dieux venus du ciel pour expier l’humanité de ses péchés par un sacrifice alors que d’autres sont nés d’une conception immaculée. Certains ont accompli des miracles en prêchant l’amour de son prochain tandis que les autres ont déclaré être médiateurs entre le ciel et la terre. Dans tous les cas, chacune de ces déités partage au moins une caractéristique majeure en commun avec le Christ et ne sont que quelques noms parmi une liste bien plus longue, s’éparpillant dans une diversité de cultures et de mythologies, partout dans le monde et à travers le temps.


Si aucun d’entre eux n’a su combiner toutes les caractéristiques précédemment citées comme Jésus l’a fait, il n’en demeure pas moins troublant qu’autant de ressemblances puissent être établies.


Les mythes et religions apparus à notre ère, quant à eux, ont bien évidemment été influencés par la venue de Jésus. Entre l’an 1 et 2014, l’histoire a retenu cent quatre-vingts personnes s’étant trouvé des fidèles en affirmant être le messie d’après Christophe Bourseiller[7].


L’intérêt de cette récurrence s’accroit encore davantage si l’on prend en compte que la figure du Christ ne se limite pas à la forme narrative du mythe et s’infiltre dans la culture populaire, que ce soit dans la musique avec Tupac et Kendrick Lamar, dans les films avec Simba et Gandalf ou encore dans la littérature avec Santiago dans « Le vieil homme et la mer », Sydney Carton dans « Un conte de deux cités » ou Simon dans « Sa majesté des mouches ».


Néanmoins, si le motif se dissémine un peu partout dans la société occidentale, il existe des domaines dans lesquels l’archétype christique a tendance à se répéter plus fréquemment. C’est le cas de la science-fiction qui, à travers la littérature et le cinéma, a donné naissance à des dizaines de personnages au parcours étrangement similaire à celui de Jésus Christ.


De Robocop à Anakin Skywalker, en passant par Superman et Paul Atréides, on retrouve cette même histoire de mort sacrificielle, de résurrection et de rédemption qui semble si bien s’agencer avec la science-fiction et ses clichés.


Cet essai tentera donc de trouver pourquoi le genre de la science-fiction est propice à la création de personnages suivant l’archétype du Christ.

 

Volet 1: La science-fiction et la spiritualité


La science-fiction et la spiritualité on souvent été lié dans leur histoire respective.


Il fut un temps où la science-fiction aspirait à être la littérature de la logique. Elle comptait explorer les possibilités de la science et de la raison, sans jamais dépasser le cadre des possibles. C’était cette science-fiction qu’écrivis Jules Vernes et ses Voyages Extraordinaires et qui deviendrait plus tard le modèle pour l’étroit filtrage éditorial d’Hugo Gernsback qui domina la science-fiction des années 1920. La littérature de science-fiction, encore grandement limitée à l’Amérique, était à cette époque véhiculée par le biais de magazines pulps comme Amazing Stories et Wonder Stories, qui publiaient des nouvelles de science-fiction centrée sur l’éducation et la spéculation scientifique.


En parallèle, il y eut aussi des récits de science-fiction plus centrés sur le sens de l’émerveillement que certains appelèrent des scientific romances. Bien qu’encore une fois limité par le format imposé par les magazines, ces histoires se voulaient être une exploration des merveilles du cosmos, ce qui établit un cadre propice à des histoires de voyages spirituels[8], tel que A Voyage to Arcturus de David Lindsay ou encore Star Maker d’Olaf Stapledon.


Puis vint l’Âge d’or, de la fin des années 30 jusqu’au début des années 60, mené par Bruce W. Campbell et mettant en vedette des histoires moins réalistes, au profit de situations plus surnaturelles. Avec ce changement vint aussi une plus grande ouverture sur les religions et le mysticisme de façon général. Les auteurs de cette époque explorèrent donc les possibilités de l’impossible, ce qui se traduisit souvent en une utilisation de la spiritualité comme thème important[9], bien que ceux-ci soient souvent considérés de façon négative[10]. En effet, c’est souvent pour indiquer qu’une civilisation extraterrestre est peu développée ou que l’humanité a intellectuellement régressé qu’il est question de religion. Le fait demeure que tous les grands noms du genre comme Clarke, Asimov, Heinlein, Sturgeon, Bradbury, Hubbard, Simak et Van Vogt ont tous écrit des romans de science-fiction faisant de la religion un point central du récit.


Cette tendance se développera encore plus avec la New Wave des années 60 et 70, ou le symbolisme religieux sera exploré en détail, le genre voulant s’émanciper de la forme romanesque et des limitations que présentait antérieurement le genre. Toutefois, contrairement à la période précédente, la New Wave s’inscrit dans la tradition du modernisme et du surréalisme et il est donc inévitable que le symbolisme se veuille, soit une contestation des religions et des mythes traditionnels de l’occident soit une exploration des spiritualités orientales et new age.


Il est inévitable, lorsque l’on parle de la science-fiction et de son rapport au divin, d’aborder le sujet de la dianétique. Au début de l’an 1950, un article de L. Ron Hubbard sobrement intitulé Dianetics apparu dans Astounding Science-Fiction[11], l’épicentre du genre à l’époque. L’article fit des vagues chez les lecteurs du magazine, ce qui se solda en la publication d’un livre éponyme dans la même année, établissant les fondements de cette pseudoscience et, par conséquent, les fondements de la scientologie, fondée trois ans plus tard par Hubbard lui-même. Le Best-Seller connaitra une telle popularité durant l’année 1950 que des clubs de dianétiques ouvrirent un peu partout dans le pays et de nombreux auteurs de science-fiction s’y impliqueront, tels que Van Vogt et E. E. Smith. Si l’engouement pour la dianétique s’atténua rapidement jusqu’à mettre fin à la Hubbard Dianetics Fondation en 1951, il n’empêche que cette courte parenthèse dans l’Âge d’or de la science-fiction aura démontré l’ouverture de ses auteurs à la spiritualité, ainsi que la portée de leurs écrits[12].


Cela fut démontré avec encore plus de succès en 1953, lors de la création de la Scientologie, où L. Ron Hubbard, ayant appris de ses erreurs avec la dianétique, développa sa pseudoscience afin d’en faire une religion à part entière.


Le système de croyances établi par Hubbard pour la Scientologie est souvent comparé avec ses œuvres de space opera antérieur ainsi que celles de ses collègues. La signification même du terme space opera fut d’ailleurs dénaturée pour sa religion[13], en donnant cette définition :

« Space opera has space travel, spaceships, spacemen, intergalactic travel, wars, conflicts, other beings, civilizations and societies, and other planets and galaxies. It is not fiction and concerns actual incidents and things that occurred on the track. »[14]

Hubbard alla même jusqu’à faire avouer E.E. Smith que sa série de livres intitulée Skylark était en fait un récit bien réel du voyage de Smith à travers la galaxie. Hubbard brouilla donc littéralement la distinction entre la science-fiction et sa religion[15], ce qui illustre très bien le rapport qu’ils entretiennent entre eux de façon plus générale.


Ainsi, la spiritualité et la science-fiction cherchent toutes deux à répondre à des questions métaphysiques fondamentales de l’existence humaine[16]. Quelle est notre place dans l’univers ? Qu’est-ce que l’Humain ? Qui nous a créés ? Pourquoi sommes-nous ici ? etc. Ils cherchent tout deux à interprété la réalité à partir d'une base rationnelle, ce qui, dans le cas de la science-fiction, se traduit souvent en une utilisation systématique de bases scientifiques, qu'elles soient fictives ou réelles.


S’ils apportent des réponses radicalement différentes, on les retrouve souvent liées l’une à l’autre, comme démontré plus tôt avec l’histoire de la science-fiction et le cas de L. Ron Hubbard. La différence entre la science-fiction et la spiritualité est que la science-fiction n’a pas la prétention d’imposer des réponses puisque ses œuvres sont purement fictionnelles[17]. La science-fiction serait donc une échappatoire dans laquelle le lecteur pourrait se réfugier sans entretenir un rapport de foi avec l’œuvre. En ce sens, la science-fiction serait une manière de contrer le « désenchantement du monde[18] » face aux structures religieuses imposant un système de croyances particulier. Le genre serait alors fondamentalement relativiste dans son approche du divin, apportant des propositions sans jamais les présenter comme étant des vérités. D’après cette théorie, les figures christiques présentes dans les récits du genre pourraient simplement être utilisées afin de mimer le christianisme et ne seraient donc qu’un effet secondaire du rapprochement entre la religion et la science-fiction. Évidemment, cette idée n’est pas concluante puisque l’inclusion de personnages se basant sur le Christ serait purement anecdotique, ce qui n’est manifestement pas le cas dans la science-fiction où les personnages de ce type sont légion.


On peut donc en comprendre que le rapport qu’entretient la science-fiction avec la spiritualité n’est pas à l’origine de la popularité des figures messianiques dans le genre. Toutefois, le fait même que la science-fiction ait historiquement entretenu un rapport étroit avec les religions et la spiritualité de façon plus générale prouve qu’il y a une ouverture pour les figures messianiques dans les récits de science-fiction.

 

Volet 2: Une nouvelle mythologie


Dans le volet précédent, il fut question de positionner la science-fiction comme étant une réponse relativiste et pluraliste au rejet des religions par la société occidentale, prouvant donc que le genre est un produit du modernisme, ce qui n’est pas surprenant lorsque l’on sait que l’émergence des deux phénomènes se fit sensiblement au même moment[19].


On pourrait évidemment faire le rapprochement entre le modernisme et la science-fiction en disant que les deux sont non seulement une réaction aux changements qu’amena le début du vingtième siècle, mais avant tout l’effet de ces changements sur la société occidentale, que ce soit la mondialisation, l’industrialisation, le déclin des religions organisées, et l’accroissement de l’accès à l’éducation.


Pour la première affirmation, il suffit de regarder les débuts de la science-fiction. Gernsback et les auteurs qu’il publiait ont dédiés toute leur carrière à explorer les possibilités que pouvaient offrir la science et ses innovations, ce qui est en quelque sorte une célébration des avancées technologiques accomplies grâce à l’industrialisation.


D’un autre côté, la science-fiction comme le mouvement moderniste est une extension des changements sociétaux qui sont survenus avec l’industrialisation. C’est pourquoi la science-fiction jette souvent un regard pessimiste sur les religions.


Paradoxalement, le genre comble le « désenchantement du monde » en tentant de répondre aux grands questionnements de l’humanité[20] que la science n’a pas encore put répondre, tel qu’établi dans le premier volet. La science-fiction serait, en ce sens, une tentative de remplacer la religion qui rejetterait la facette organisationnelle, mais en garderait le côté mythologique. En effet, qu’est-ce que la science-fiction si ce n’est une forme de création de mythes modernes? La définition du terme mythe n’est pas universelle et pose de nombreux problèmes de sémantique[21]. Néanmoins, la majorité des récits de science-fiction entrent parfaitement dans ses définitions les plus larges qui définissent les mythes comme étant des récits employant des éléments surnaturels ou imaginaire pour donner un sens et une explication à ce qui est inexplicable[22]. En d’autres mots, les mythes seraient une façon de comprendre le monde et donc, de le contrôler[23].


De son côté, la science-fiction cherche à exprimer des idées à travers ses histoires, ce qui est conforme à l’expérience humaine du monde, tout comme le font les mythes. Le meilleur moyen de communiquer des idées abstraites devient alors d’intégrer des éléments fantastiques aux histoires afin de se rapprocher le plus possible de l’idée de base d’un point de vue métaphorique. Dans l’ère moderne, les concepts fantastiques sont plus difficilement acceptés d’où l’importance d’ancrer les histoires science-fictionnelle dans une base scientifique sur laquelle le destinataire du récit peut s’appuyer. Ainsi, les mythes modernes ne sont pas simplement des adaptations modernes de mythes anciens, mais bien de toutes nouvelles histoires dont les thèmes et les problématiques sont caractéristiques du monde actuel[24].


Néanmoins, les médiums par lesquels on retrouve la science-fiction sont différents de ceux des mythes, ce qui exerce une influence sur le contenu en lui-même. Comme le dit Claude Lévis Strauss dans « The Structural Study of Myth »: « The mythical value of the myth is preserved even through the worst translation, ». Un mythe est malléable et subit constamment des transformations, car il est le résultat de cette simplification, alors que les récits de science-fiction sont la plupart du temps fixés à leur matériel d’origine. Néanmoins, on peut observer que les récits de science-fiction les plus populaires subissent des altérations. C’est le cas, par exemple, de Doctor Who ou encore de Star Trek, deux franchises qui ont subi des reboots ou des séries dérivées qui ont parfois tendance à simplifier le matériel de base ou à l’altérer. D’autres récits tels que la toute première œuvre de science-fiction[25] ; Frankenstein de Mary Shelley ou encore Dr Jekyll and Mr Hyde de Robert Louis Stevenson peuvent aussi se rapprocher du discours mythique[26] en raison de la façon dont leur histoire s’est intégrée à la culture sous sa forme la plus primaire. C’est ainsi que le monstre de Shelley a été rebaptisé du nom de son créateur et que l’histoire de Dr Jekyll et Mr Hyde s’est simplifiée en un personnage tourmenté par la dualité qui l’habite.


Ainsi, pour qu’un mythe soit un mythe, il doit quitter sa forme d’origine, que ce soit un roman, une nouvelle, une série ou un film, pour devenir une histoire archétypale que tous connaissent sans vraiment la connaitre. C’est précisément ce que Roland Barthes nommait "la parole mythique" dans ses Mythologies[27].


Autrement dit, les récits de science-fiction sont, dans l’ensemble, des mythes modernes en devenir. C’est d’ailleurs pourquoi la science-fiction est si remplie de symbolisme et d’archétype tel que celui du messie. Les idées que l’on cherche à exprimer à travers des histoires sont fondamentalement les mêmes que celles que l’on retrouve dans les évangiles, ou dans les divers récits messianiques antérieurs à notre ère. C’est ce que Serge Lehman appelle « des métarécits qui embarquent l’être[28] », transcendant les époques par leur universalité.


D’après le critique culturel Richard Slotkin, c’est précisément parce que le suicide sacrificiel est considéré dans certains cas comme un acte de rédemption dans la culture américaine que la religion chrétienne est encore si influente dans le pays. Le meilleur exemple concret de l’application de cette valeur est que la peine de mort est encore pratiquée dans de nombreux états. Les criminels se voient imposées la peine de mort afin de protéger le reste de la société. On peut transposer cette valeur à la science-fiction en tant que forme de mythe moderne, ce qui nous donne le même résultat qu’il y a deux mille ans, car, sous sa forme narrative, l’idée de suicide sacrificiel est manifestée sous la forme d’un personnage qui obéit à l’archétype du sauveur[29], et en sachant l’étendue de l’impact culturel qu’a eu le christianisme et les récits bibliques sur l’occident, le rapprochement de ce personnage avec Jésus est rapidement établi, de façon consciente ou non.


La courte nouvelle de Robert Silverberg intitulée Retour est un bon exemple de cela. Dans cette histoire, l’humanité trouve un moyen de transférer l’esprit d’un homme à travers le temps et de le transposer dans le corps d’un autre être vivant dans un futur ou les homards sont devenus l’espèce sentiente dominante sur la planète Terre. Lorsque cette espèce découvre la présence de cet humain (représentant la nature divine dans cette histoire), ils interprètent son arrivée comme un signe les invitant à accomplir, le Pèlerinage, un évènement attendu depuis plusieurs millénaires.


L’humain nommé McCulloch joue très clairement le rôle de figure messianique dans cette histoire, venant sauver l’espèce crustacée de leur torpeur. Dans la scène finale, McCulloch est expulsé hors de son corps de homard et renvoyé chez les humains, pour accomplir les dernières paroles de la prophétie, ce qui pourrait être compris comme une réinterprétation de l’histoire du Christ se terminant par une mort sacrificielle et une ascension dans les cieux symbolisé dans le récit par le retour de McCulloch parmi les humains. D’après cette interprétation, toutefois, l’histoire de Silverberg adhèrerait à l’hérésie du monothélisme, stipulant que Jésus n’est pas un homme et serait donc uniquement divin, comme le suggère l’incapacité de McCulloch à s’adapter à son existence sous la forme de homard.

 

Volet 3: L'archétype du sauveur


Comme abordé dans l’introduction, la science-fiction se démarque des autres genres pour son utilisation de l’archétype du sauveur. En effet, le genre en est saturé, et il ne faut pas chercher très loin pour en trouver. Ce volet présentera quelques figures messianiques emblématiques du genre et en analysera l’importance en relation avec l’archétype du sauveur.


L’un des personnages les plus connus de la science-fiction est Anakin Skywalker, dans la prélogie Star Wars. Ce personnage nous est présenté dès sa rencontre dans l’épisode 1 comme un surdoué. Il est un pilote hors pair dès l’âge de neuf ans et est capable d’assembler des robots et des engins de course par lui-même. Néanmoins, ce qui fait vraiment de lui un personnage hors du commun est qu’il ne possède aucun géniteur, et que sa mère ne peut donc pas expliquer sa naissance. Autrement dit, Anakin est le produit d’une conception immaculée, ce qui alerte rapidement l’ordre Jedi qui fera prendre à Annakin un test de midi-chloriens, qui révélera alors qu’Anakin en a une quantité anormale, faisant de lui un être plus réceptif à la force que maitre Yoda.


Dans l’épisode trois, à la suite du combat qu’il perd contre son maitre, il tombe dans la lave et est ensuite récupéré par Palpatine. Il devient alors Dark Vador, et son apparence métallique marque alors son allégeance définitive envers le côté obscur de la force.


L’histoire d’Anakin diverge de celle du Christ puisqu’Anakin n’accomplit pas la prophétie voulant qu’il rétablisse l’équilibre dans la force à l’épisode trois, mais on y retrouve tout de même une mort symbolisée par la perte de son nom et de son corps, au profit de l’armure de Dark Vador. De plus, le combat entre Anakin et Obi-Wan sur Mustafar, la planète de la lave, fait écho à la descente de Jésus dans les enfers pendant les trois jours séparant sa mort de sa résurrection. Quant à cette dernière, elle pourrait être identifiée à deux évènements différents. Soit, sa résurrection survient au moment où il entre dans l’armure de Dark Vador lui faisant alors reprendre toutes ses fonctions vitales, soit elle se produit dans l’épisode six, lorsqu’il retourne du côté lumineux de la force en venant en aide à son fils pour tuer l’Empereur. Cette dernière interprétation montre aussi qu’Anakin accomplit la prophétie en tuant l’Empereur, ce qui rétablit l’équilibre dans la force. D’autres détails de moindre importance sont aussi parallèles à l’histoire de Jésus. Dans l’épisode trois, par exemple, Palpatine approche Anakin et lui montre tous les avantages du côté obscur, ce qui n’est pas sans rappeler la tentation du Christ.


George Lucas, le créateur de la franchise de Star Wars et du personnage d’Anakin Skywalker a toujours été transparent par rapport à son utilisation d’éléments de religions et de cultures différentes pour son univers. Dans un interview avec Bill Bradley[30], Lucas mentionnait clairement que ses études en anthropologie et en mythologie comparées l’ont influencé non seulement dans l’écriture de la trilogie Star Wars originale, mais aussi dans la prélogie. Il ne fait donc aucun doute que l’utilisation de l’archétype du sauveur ne relève pas du hasard.


Néanmoins, George Lucas ne se contente pas de calquer son personnage sur l’histoire du Christ, car celle-ci ne crée pas suffisamment d’enjeux. Comme il l’a fait pour son premier film Star Wars, il base Anakin sur le voyage du héros, tel que théorisé par Joseph Campbell[31], permettant ainsi de créer un conflit psychologique, chose que l’on ne retrouve qu’à de rares endroits dans l’histoire du Christ à moins d’adhérer à l’hérésie de l’arianisme, une doctrine dont les fondements ont été réfutés au quatrième siècle. D’après l’arianisme, le Christ était un homme normal au départ, et est seulement devenu un héros par la suite.


Selon Campbell, Jésus Christ obéit lui-même aux règles du monomythe[32], bien que son récit canonique y contrevienne justement parce que l’arianisme n’est plus une interprétation valable des textes bibliques. Les récits de science-fiction tels que celui d’Anakin utilisent donc souvent l’archétype du sauveur conjointement au voyage du héros. C’est le cas de la plupart des récits de superhéros.


Dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi, l’archétype du sauveur nous donne un Peter Parker noble, courageux et désintéressé, toujours prêt à se sacrifier pour les autres et à faire usage de ses pouvoirs pour le bien commun. Toutefois, afin de créer une histoire qui possède un relief narratif, on ajoute le conflit psychologique qu’amène le monomythe, contribuant alors aux doutes qu’a Peter Parker par rapport à la responsabilité qu’apportent ses pouvoirs et à la légitimité de son rôle. Ainsi, le symbolisme religieux est effacé de l’histoire, mais sa structure archétypale demeure.

En revanche, le récit de Superman entre tout à fait dans ce symbolisme christique. Comme l’a dit Paul Legget ; « Some have seen the Superman image as a substitute, pop image messiah. Yet the value of Superman is that he is a messianic symbol, as valid for our time as Charlemagne or Sir Galahad were in the medieval period[33]. » En effet, Superman est sans doute l’un des meilleurs exemples de messie dont la science-fiction a donné jour. Voici quelques caractéristiques de l’histoire de Superman observant un parallèle direct avec le récit du Christ[34] :


1. Il descend du ciel, pour venir sur Terre.

2. Ses yeux sont bleus, ce qui n’est pas sans rappeler l’apparence aryenne que l’on donnait à Jésus dans les films à l’époque de la parution des premiers comic de Superman.

3. Le costume bleu de Superman représente ses origines divines. Dans la Bible, le bleu représente le ciel.

4. Superman possède un nom céleste (Kar-El) et un nom terrestre (Clark Kent), comme Jésus nommé Emmanuel par les anges, mais Jésus par les humains.

5. Kar-El, le nom original de Superman signifie « enfant des étoiles », rappelant ainsi l’étoile qui annonçait la venue de Jésus.

6. Superman possède un nom céleste (Kar-El) et un nom terrestre (Clark Kent), comme Jésus nommé Emmanuel par les anges, mais Jésus par les humains.

7. Le suffixe -man de Superman est fréquent dans les noms juifs. Son pseudonyme fait donc allusion à une potentielle origine juive.

8. Il communique avec son père mort, comme Jésus avec Moïse et Élie.

9. Superman est un sauveur désintéressé, cherchant le bien et non la gloire.

10. Superman est tenté par Luthor qui essaie de lui offrir des biens terrestres.

11. La Kryptonite symbolise la mortalité de Superman comme la croix pour Jésus

12. Superman vole, rappelant ainsi l’ascension de Jésus dans les cieux.

Compte tenu du nombre d’adaptations et de reboot de l’histoire de Superman, les détails mentionnés précédemment ne s’appliquent pas à toutes les versions de l’histoire de Superman, mais l’essentiel demeure le même et la référence au Christ dans ces traits de caractère est indéniable. Dans la lignée des figures messianiques archétypales, on peut aussi inclure la plupart des romans postapocalyptiques ou dystopiques pour jeunes adultes tels que Hunger Games, Divergent ou Le labyrinthe, dont le personnage principal devient inévitablement l’unique espoir de l’humanité. Dans ces trois derniers exemples, cependant, on ne retrouve pas le symbolisme messianique des histoires de science-fiction plus traditionnelle. Cette différence est due au fait que les romans pour jeunes adultes ont rarement pour but d’explorer des questionnements métaphysiques et sont davantage apparentés aux genres psychologique, initiatique et d’aventure qu’à la science-fiction. Ainsi, l’archétype du sauveur est utilisé fréquemment dans la science-fiction comme dans tous les genres narratifs. En revanche, l’archétype est souvent joint au symbolisme christique dans la science-fiction, pour les raisons exposées dans le volet précédent. La prédisposition du genre à avoir trait à la métaphysique et la théologie est un facteur important de la fréquence à laquelle on retrouve des représentations du sauveur chrétien et toutes les instances de l’utilisation de l’archétype du sauveur sont une occasion pour manifester une fois de plus ce symbolisme.

 

Conclusion


L’utilisation de la figure messianique dans les récits de science-fiction a une histoire longue et complexe, et il n’y a pas de réponse unique, ni même de formule permettant d’expliquer une telle récurrence. Si des pistes générales ont été abordées dans cet essai, la raison de l’utilisation de l’archétype du messie chrétien varie d’une œuvre à l’autre. Chaque récit de science-fiction à sa propre explication et ses propres motifs.


Dans tous les cas, les auteurs de science-fiction utilisant consciemment le symbolisme messianique le font parce qu’ils savent que celui-ci est capable de provoquer de fortes émotions chez l’auditeur/lecteur[35]. L’histoire du messie a fait ses preuves et sa réinterprétation sous l’angle moderne de la science-fiction garantit un certain succès, ou du moins une réaction.


L’inverse est aussi étonnement fréquent. Nombreux sont les prétendus messies du XXe et XXIe siècle à avoir étendu leur théologie aux extraterrestres, à la télépathie, aux voyages célestes et à une variété d’autres concepts science-fictionnels.


Ainsi, l’intérêt est réciproque entre religion et science-fiction, ce qui s’explique peut-être du fait que beaucoup de nouveaux mouvements religieux jugent que le modèle organisationnel et théologique des religions plus anciennes est désuet, et qu’en cette ère moderne il est nécessaire de modifier cette formule pour s’adapter à un public contemporain. C’est précisément ce qu’ont toujours affirmé les auteurs de science-fiction à travers leurs récits, poussant les limites de la métaphysique bien au-delà de ce qu’avaient fait les religions auparavant tout en s’efforçant de trouver une explication rationnelle à l’ensemble des réponses qu’ils fournissent[36]. Cela peut à première vue être une contradiction[37], mais c’est plutôt une tentative de réconcilier les croyances prémodernes au rationalisme de notre époque, une tentative dont les personnages messianiques rencontrés dans la science-fiction seraient les ambassadeurs.


 

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SCOTT CARD, Orson. Ender’s game, New York, Tor Books, 1985, 460 p.


SEIGEL, Mark Richard. Hugo Gernsback, Father of Modern Science Fiction : With Essays on Frank Herbert and Bram Stoker, San Bernardino, Borgo Press, 1988, 96 p.


SHELLEY, Mary. Frankenstein ; or, The Modern Prometheus, Londres, Lackington, Hughes, Harding, Mavor & Jones, 1818, 280 p.


SILVERBERG, Robert. Homefaring, West Bloomfield, Phantasia Press, 1983, 102 p.


SLOTKIN, Richard. Regeneration Through Violence: the Mythology of the American Frontier, 1600–1860, Middletown, Wesleyan University Press, 1973, 684 p.


SMITH, Edward Elmer. The Skylark of Space, New York, The Buffalo Book Company, 1946, 218 p.


STAPLEDON, Olaf. Star Maker, Londres, Methuen & Co. Ltd., 1937, 339 p.


STEVENSON, Robert Louis. Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, Londres, Longman, Green & Co., 1886, 141 p.


WHITE Kerri. Make Me a Stone: The Female Christ Figure in Science Fiction Film, 2011, 49 p.


2. Documents dans Internet

THE COLLISION. (Page consultée le 10 octobre 2022). The One True Myth : Jesus Christ and the Hero’s Journey, [En ligne]. Adresse URL : https://thecollision.org/the-one-true-myth-jesus-christ-and-the-heros-journey/


POLATIS, Kandra. (Page consultée le 4 novembre 2022). Faith in film: Why science-fiction movies abound with religious themes, [En ligne]. Adresse URL : https://www.deseret.com/2014/4/6/20538713/faith-in-film-why-science-fiction-movies-abound-with-religious-themes


3. Documents audiovisuels


DONNER, Richard. Superman, (1978, 10, 12), Pierre Spangler, 2h23.


LUCAS, George. Star Wars: Episode I — The Phantom Menace, (1999, 16, 05), Richard McCallum, 2h13.


LUCAS, George. Star Wars: Episode III – Revenge of the Sith, (2005, 15, 05), Richard McCallum, 2h20.


LUCAS, George. Star Wars: Episode VI – Return of the Jedi, (1983, 25, 05), Howard Kazanjian, 2h12.


RAIMI, Sam. Spider-Man, (2002, 29, 04), Laura Ziskin et Ian Bryce, 2h01.


VERHOEVEN, Paul. Robocop, (1987, 17, 07), Arne Schmidt, 1h42.

4. Journal


ARMOSO, Nicolas et al. « Le mystère de Mithra : Plongé au cœur d’un mythe romain ». Archéologia, (Mariemont), novembre 2021, p. 18.


GENTILE, John S. « Prologue : Defining Myth: An Introduction to the Special Issue on Storytelling and Myth ».Storytelling, Self & Society, (New York), 20 avril 2011, pp 85-90.


JENKINS, Richard. « Disenchantment, Enchantment, and Re-Enchantment: Max Weber at the Millenium ». Modern Theology, (New York), 4 juin 2009, pp 369-386.


KENT, Stephen A. « The Creation of “Religious” Scientology ». Religious Studies and Theology, (Edmonton), décembre 1999, pp 97-126.


KOZLOVIC, Anton K. « Superman as Christ-Figure : The American Pop Culture Movie Messiah ». Journal of Religion and Film, (Omaha), avril 2002, pp. 1-33


LEGGETT, Paul. « Science Fiction Films : A Cast of Metaphysical Characters ». Christianity Today, (Carol Stream), 21 mars 1980, pp 32-33.


LÉVIS-STRAUSS, Claude. « The Structural Study of Myth ». The Journal of American Folklore, (Bloomington), octobre 1955, pp. 428-444


QUESNEL, Michel. « Les sources littéraires de la vie de Jésus ». Bulletin analytique d’histoire romaine, (Strasbourg), 1998


STUCKY, Mark D. « He is the One: The Matrix Trilogy's Postmodern Movie Messiah ». Journal of Religion & Film, (Lincoln), 2 octobre 2005, p. 15.

WESTFAHL, Gary. « The Jules Verne, H.G. Wells, and Edgar Allan Poe Type of Story: Hugo Gernsback’s History of Science Fiction ». Science fiction studies, (Greencastle), novembre 1992, pp 340-353.


5. Entrevue


BRADLEY, Bill. George Lucas, Award-Winning Filmmaker, Sits Down for One-on-One Interview with Senator Bill Bradley on SiriusXM, George Lucas, cinéaste, New York, 7 mars 2012


CATTAPAN, Amy. From Star Wars to Superman: Christ Figures in Science Fiction and Superhero Films: Jim Papandrea, James L. Papandrea, maître en théologie et auteur, Chicago, 21 décembre 2018. (28 min.).


CHARTIER, Sixtine. La science-fiction est un genre saturé d’images religieuses, Serge Lehman, romancier et auteur d’anthologies, Lille, 10 juin 2022.


[1] Nicolas ARMOSO, Laurent BRICAULT, Richard VEYMIERS, « Le mystère de Mithra : Plongé au cœur d’un mythe romain », Archéologia Hors–série nº 32, novembre 2021 p. 18 [2] Laurent BRICAULT, Philippe ROY, Les cultes de Mithra dans l'Empire romain, janvier 2021, p. 513 [3] Godfrey HIGGINS, Anacalypsis, an Attempt to Draw Aside the Veil of the Saitic Isis, juin 1833, p. 707 [4] Bart D. HERMAN, Did Jesus Exist?: The Historical Argument for Jesus of Nazareth, 2012 p. 213 [5] Michel QUESNEL, « Les sources littéraires de la vie de Jésus », Bulletin analytique d'histoire romaine, 1998, p. 191 [6] Kersey GRAVES, « Rival claims of the saviors », The World’s Sixteen Crucified Saviors or Christianity Before Christ, 1875, p.12 [7] Christophe BOURSEILLER, « Liste chronologique », Les faux messies, 2014, p. 335 [8] Farah MENDLESOHN, « Religion and science-fiction », The Cambridge companion to Science-Fiction, 2003, p. 264 [9] Ingmar ALBIZU, «How can a litterature of ideas fit religion in? », The case of religion in speculative fiction, novembre 2022, p.1 [10] Gabriel MCKEE, « Introduction », The Gospel according to Science Fiction, From the Twilight Zone to the Final Frontier, 2007, p. Xii [11] Stephen A. KENT, « The creation of “religious” Scientology », Religious Studies and Theology 18, décembre 1999 [12] Russel MILLER, « Le mystère de la quête », Ron Hubbard : le gourou démasqué, 1993, p. 77 [13] Susan RAINE, « Space Opera », Astounding history: L. Ron Hubbard’s Scientology space opera, octobre 2014, p. 9 [14] L. Ron HUBBARD, « Space opera », Dianetics and Scientology Technical Dictionary, Janvier 1975 [15] Susan RAINE, « Space Opera », Astounding history: L. Ron Hubbard’s Scientology space opera, octobre 2014, p. 9 [16] Kandra POLATIS, « Religious metaphors in sci-fi », Faith in film: Why science-fiction movies abound with religious themes, avril 2014 [17] Kandra POLATIS, « Why we enjoy religious allusions in sci-fi », Faith in film: Why science-fiction movies abound with religious themes, avril 2014 [18] Richard JENKINS, Disenchantment, Enchantment, and Re-Enchantment: Max Weber at the Millenium, novembre 2000, p. 2 [19] Paul MARCH-RUSSELL, « Scientific Roman in the Context of Modernism », Modernism and Science Fiction, mai 2015 [20] Paul LEGGET, Science Fiction Films: A Cast of Metaphysical Characters, Mars 1980, pp. 32-33 [21] John S. GENTILE, « Prologue: Defining Myth: An Introduction to the Special Issue on Storytelling and Myth », Storytelling, Self & Society Vol. 7, No. 2, août 2011, pp 85-90 [22] Alan DUNDES, « Introduction » Sacred Narrative: Readings in the Theory of Myth, novembre 1984, p. 1 [23] James George FRAZER, The Golden Bough: A Study in Comparative Religion, octobre 1890 [24] Philip BALL, « How Can a Myth be Modern? », The Modern Myths, mai 2022, p. 34 [25] Gary WESTFAHL, « "The Jules Verne, H.G. Wells, and Edgar Allan Poe Type of Story": Hugo Gernsback's History of Science Fiction », Science Fiction Studies Vol. 19, novembre 1992, p. 340 [26] Roland BARTHES, « Le mythe est une parole », Mythologies, 1957, p. 107 [27] Ibid., p. 108 [28] Serge LEHMAN, « La religion permettrait de contester la toute-puissance de la technique… », La science-fiction est un genre saturé d’images religieuses, juin 2022 [29] Philip BALL, « Myths in the Making, Myths to Come », The Modern Myths, mai 2022, p. 565 [30] Bill BRADLEY, Interview with George Lucas, mars 2012 [31] Connor BUTLER, « Introduction », Star Wars and the Hero’s Journey, mai 2019, p.4 [32] Joseph CAMPBELL, « Atonement with the father », The hero with a thousand faces, 1949, p. 119 [33] Paul LEGGET, Science Fiction Films: A Cast of Metaphysical Characters, Mars 1980, pp. 32-33 [34] Anton K. KOZLOVIC, « Twenty Superman - Jesus Parallels », Superman as Christ-Figure: The American Pop Culture Movie Messiah, avril 2002, pp. 1-18 [35] James L. PAPANDREA, « Script and Scripture », From Star Wars to Superman: Christ and Salvation in Science Fiction and Superhero Films, novembre 2017, p. 324 [36] Gabriel MCKEE, « Introduction », The Gospel according to Science Fiction, From the Twilight Zone to the Final Frontier, 2007, pp. xi-xii [37] James L. PAPANDREA, « Introduction », From Star Wars to Superman: Christ and Salvation in Science Fiction and Superhero Films, novembre 2017, p. 15

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