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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

La science fiction et la philosophie

J'ai souvent établi la comparaison entre la science fiction et la religion dans ce blog ainsi que dans mes divers écrits. Ce lien étroit qu'exercent deux domaines que l'on pourrait parfois considérer comme étant opposés m'a toujours étonné. Si vous voulez connaitre mon opinion sur le sujet, je vous invite d'ailleurs à lire le deuxième volet de mon essai sur les figures messianiques en science-fiction, paru sur le blog récemment.


Malgré ces fortes ressemblances, la science-fiction peut aussi être comparée avec la philosophie, et l'on peut en trouver des similarités tout aussi troublante qu'avec la religion. Pourtant, la philosophie et la religion sont souvent perçues comme étant des opposées. En effet, les deux cherchent à trouver des réponses aux pourquoi de la vie. Ce sont des disciplines cherchant à interpréter notre expérience, mais passant par des méthodes diamétralement différente puisque la philosophie aspire à trouver la vérité par la raison tandis que la religion cherche plutôt à trouver cette même vérité par notre sensibilité et nos expériences (mis à part certaines branches et groupes religieux comme les chrétiens apologétiques notamment). Les méthodes étant si différente les unes des autres, il n'est pas étonnant que les réponses obtenues soient rarement les mêmes.


Mais ou s'inscrit la science-fiction dans ce débat? Je vous dirais que cela dépend en très grande partie de l'auteur et de l'oeuvre de sf dont il est question.


Prenons premièrement l'exemple d'Arthur C. Clarke et de son roman "Les enfants d'icare". Dans ce roman tout d'abord froid et très axé sur le côté rationnel de l'humain, des extraterrestres supérieurs aux humains viennent afin d'aider notre espèce à transcender leur nature physique et à devenir des êtres exclusivement spirituels. Dans ce roman, Clarke met donc en relation l'étonnement et les mystères que nous réserve l'espace avec une dimension spirituelle dépassant l'univers physique et les explications que peuvent nous donner la philosophie. D'une certaine façon, ce roman arrive aux limites de la raisons en acceptant au passage un aspect mystique à la réalité, voyant alors notre existence comme quelque chose dépassant la matière, ce que seul l'expérience amenée par les extraterrestres de l'histoire parvient à nous dévoiler. En d'autres mots, Clarke emploi ici un discours dit religieux, faisant tout d'abord appel à l'affectivité et l'expérience, contrairement à la démarche scientifique. Dans ce cas précis, donc, la science-fiction du roman penche davantage du côté de la religion que de la philosophie.


Néanmoins, le cas inverse se présente aussi dans la science fiction. Un bon exemple de cela se trouve dans le roman "À chacun ses dieux". Malgré ce que le nom du roman peut sembler impliquer. Il est ici question d'un monde ou le religieux ne satisfait pas car l'expérience ne permet pas d'interprétations métaphysiques. L'au-dela ne montre aucun signe de vie, ce qui mène alors à de long soliloque philosophique de la part de certains personnages confrontés à leur propre mortalité. Par l'étonnement (qui n'est pas procuré par l'aspect scientifique de l'histoire dans ce cas-ci), les personnages sont poussés à chercher un sens à leur existence, mais, cette fois, ces questionnement ne sont pas répondus par l'intermédiaire d'une illumination ou d'un quelconque phénomène inexpliqué. Ne pouvant trouver de Deus Ex Machina pour son âme, le personnage principal est obligé de s'en tenir à la raison.


Je n'ai pas encore identifiées toutes les nuances de cette question car son portrait général continu encore de se dessiné devant moi, au fil des lectures et du développement de ma pensée. Pour l'instant, je pense que le rapprochement de la science-fiction avec la religion et la philosophie dépend entièrement de la relation qu'entretient les personnages ou l'auteurs avec l'élément d'anticipation se trouvant au coeur du récit. Chaque auteur est maitre de son propre roman, et peut alors décider de l'angle d'interprétation qui sera favorisée face à la partie science-fictionelle de son récit.


C'est du moins ce que je crois pour l'instant. J'espère sincèrement pouvoir développer ma pensée sur le sujet et ainsi refaire un article sur la question dans quelques mois ou quelques années. Ce sujet mérite davantage qu'une ébauche de pensée comme celle présentée ci-haut. Il faudra s'en contenter pour l'instant.

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