top of page
  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Les iles du vacarme - Pierre Pelot


Les iles du vacarme est un excellent roman de Pierre Pelot, et je suis particulièrement étonné de voir qu'il n'y a aucune critique précédant la mienne sur Babelio.


Pelot a fait le juste choix ici de publier son roman sous son vrai nom, (contrairement à certaines de ces oeuvres ou la verve venait à manquer). Ici, on a affaire à un roman parfaitement équilibré entre la forme et le fond, montrant une fois de plus que les littératures de l'imaginaire n'ont rien à envier aux genres romanesques jugés plus vertueux. Pelot sait passer d'un paysage à un autre et d'une émotion à une autre avec éloquence, sans jamais se perdre dans des descriptions vaseuses. Il a aussi une admirable façon d'introduire ses personnages, que ce soient Dylan, Josie ou même les plus mystérieux comme Meridam ou Alfar.


Le défi qu'avait à surmonter ce roman était de parvenir à rendre chacune des deux trame du roman également intéressante, tout en les reliant thématiquement par la critique du concept de l'autorité et du rapport au pouvoir. Au final, savoir si le pari à été réussi ou non relève du gout personnel. de mon côté, j'ai été autant impliqué dans l'histoire de Dylan que de Josie. Les motivations et les questionnements de ces personnages m'ont surpris par leur nuance. Il aurait été facile de transformer Josie en antagoniste, afin d'appuyer la thématique principale du roman, mais cela aurait donné une histoire plus naïve et moins interpellante. Ce détail qui pourrait paraitre insignifiant témoigne, selon moi, d'une habileté dans l'écriture romanesque qui n'est pas toujours attribué comme il se doit à cet auteur, et voir que l'intelligence avec laquelle il aborde ses meilleurs histoire se retrouve aussi dans ses moins connu ne fait que confirmer que l'auteur mérite une plus grande notoriété.


Finalement, il me faut parler de la thématique secondaire de la figure messianique, incarné ici par le personnage de Dylan Dancer Moab dont le nom de famille à consonance orientale évoque inévitablement les religions monothéistes et leurs prophètes charismatiques. Si cette thématique découle de la critique du pouvoir, elle constitue néanmoins un léger détour témoignant sans doute de l'intérêt tout particulier qu'avait l'auteur pour le sujet. Je n'ai pas lu beaucoup de roman de Pelot mais je suis tombé sur quelques uns d'entre eux en faisant des recherche sur le sujet. Dans ce roman comme dans le Dieu Truqué (un nom plus qu'évocateur), l'angle du sujet est très négatif et vise à dénoncer la tendance qu'à l'humain à s'en remettre d'instinct à un individu, souvent mis sur le piédestal de la divinité et de suivre aveuglément ses décisions. À la manière du Messie de Dune, le sujet est traité ici sous l'angle de la figure charismatique elle même, trainée malgré elle à cette position par concours de circonstances. Il assumera alors sont rôle et parviendra réellement à user de son pouvoir arbitrairement accordé, mais les signes avant coureur de sa déification finiront par le décourager de poursuivre dans cette direction.


Je ne peux donc que recommander cette gemme oubliée dans la grande collection de Pelot. Elle mérite bien plus d'attention qu'elle n'en a.

Comments


bottom of page