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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Légendes du mythe de Cthulhu, Tome 1, L'appel de Cthulhu


Le recueil est plutôt bon, bien qu'ayant vieilli, autant de l'extérieur que de l'intérieur. Dissimuler les chefs d'œuvres de Siudmak derrière des bandes grises et des extraits hors de propos n'était vraiment pas une bonne direction pour les collections de SF&F de Pocket, tout comme traduire l'œuvre de Lovcraft dans un langage si abstrus ne l'était pas.


Cependant, nous dirons ce que nous voudrons de cette adaptation francophone de quelques bribes du mythe Lovecraftien, il n'empêche que les nouvelles présentées sont dignes d'être lues. Pour la plupart du moins.


J'ai rarement été aussi happé par des nouvelles fantastiques. Peut-être était-ce parce que ma dernière expérience dans le genre était un obscur recueil de nouvelles de Jean Ray, mais j'ai beaucoup aimé ces nouvelles. Pas au point de les trouver rafraichissantes, certes (elles ont tout de même été écrites par les disciples du maitre), mais elles ont tout de même apporté des angles intéressant au mythe. Le suivisme qui exsude souvent des contrefacteurs de Lovecraft est inévitable et bien présent ici, mais on apprend à l’apprécier.


La première est évidemment celle donnant son titre au recueil, écrite par Lovecraft lui même. Je n'ai nullement besoin de vous y introduire, et me contenterai de vous inviter à la lire avant toute autre œuvre du mythe Lovecraftien.


La seconde nouvelle; "Talion" est le récit d'un homme se faisant engager auprès d'un vieux scientifique, s'adonnant à d'étranges expériences dans sa grande et vieille maison. L'horreur est à peine teintée de la classique "indiscible horreur", et la gestion du mystère permet de créer une atmosphère très réussie. Je songe plus particulièrement à la manière dont le personnage du frère du scientifique est traité, qui est particulièrement glaçant. Si le concept en lui même n'est pas original, l'exécution est immaculée, permettant ainsi une expérience que je recommande, bien que nous ne sommes pas au niveau de la nouvelle précédente.


La troisième nouvelle, Ubbo-Sathla m’a un peu déçu. L’idée est ingénieuse et tout à fait à sa place dans le mythos, mais malgré sa brièveté et sa concision, l’histoire ne prend pas et j’ai eu l’impression de la voir s’écouler sous mes yeux sans que je n’aie le temps d’y réagir. Peut-être est-ce un simple manque d’attention de ma part, mais cela ne m’arrive que très rarement. Je ne tiens donc qu’un très vague souvenir de cette nouvelle.


La quatrième nouvelle a été un peu plus mémorable, de son côté. Elle raconte l’histoire d’un poète se rendant dans un village éloigné de l’Europe de l’Est. Pourtant, malgré cet emplacement connu pour ses vampires, l’histoire prend un tout autre tournant lorsque l’on découvre l’horreur dont cette mystérieuse pierre noire est le vecteur. Le mystère et l’horreur sont tout aussi réussis que dans Talion, mais l’atmosphère est bien différente. Le problème avec les contrefaçons Lovecratienne est qu’ils répètent souvent les mêmes tropes, mais ici les nouvelles sont assez diverses, comme en témoigne celle-ci.


Les chiens de Tindalos est une assez bonne nouvelle. Il me semble avoir lu quelque chose de semblable, soit par Maupassant ou Poe, je ne pourrais le dire avec certitude. Malgré cette impression de déjà vu, la nouvelle est bonne, mais sans plus. Je trouve que les dialogues prennent un peu trop de temps à transmettre l’action. Néanmoins, ce concept d’horreur de “deuxième main” avec un homme racontant ce qu’il voit alors même qu’il le vit fut assez captivant pour garder mon attention de Génération Z jusqu’à la fin.


Les mangeuses de l’espace est d’une qualité moindre que la majorité des textes présentés. Le narrateur et le personnage de Howard me semblent mal exploités et leur relation n’est pas assez développée pour tout le temps où nous les voyons. Les descriptions sont inintéressantes et dépourvues d’originalité , voire même parfois absentes du texte. La fin est tout aussi originale que le reste, donnant ainsi l’impression que la nouvelle était un premier jet auquel l’auteur avait dû trouver une fin en vitesse.


L’habitant de l’ombre m’a bien plus accroché. L’histoire est trop longue et les réactions des personnages mal balancées et irréalistes. L’horreur quant à elle n’est pas particulièrement réussie. Je sors de cette lecture avec une indifférence aussi froide que les réactions des personnages de la nouvelle.


Au-delà du seuil est une nouvelle bien plus intéressante. Bien qu’elle possède une atmosphère semblable à celle de Talion, les évènements qui s’y déroulent sont différents et provoquent une horreur différente. Les personnages sont mieux développés, contrairement à la nouvelle précédente, écrite par le même auteur. Le concept est effroyablement bien exécuté, et, malgré une fin prévisible, elle en vaut le coup. Cette nouvelle m’a beaucoup rappelé la fin de Tintin et les cigares du Pharaon, et l’effroi que m’avait fait éprouver cet album étant enfant.


Le tueur stellaire est une nouvelle très courte. Son côté meta est bien exécuté et la créature évoquée est mise en scène avec brio. Les évènements sont linéaires et la fin n’est pas très convaincante, mais je l’ai tout de même appréciée.


Voici donc ce que j’ai pensé de ce recueil. Cette dose de pulp me permettra de survivre pour encore quelques semaines, avant de devoir me replonger dans l’un de ces ouvrages méconnus et d’une qualité douteuse. Pourtant, malgré ce manque de qualité, l’atmosphère est bien là, et j’en ressors toujours avec une imagination renouvelée. Peut-être est-ce mon jeune âge, mais je poursuivrai ma quête jusqu’à ce que j’aie sucé toute la moelle du genre fantastique.

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