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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Mad God 2021

Cela fait maintenant six années que j'attends la sortie de ce film, et le voilà enfin.



Mad God est le projet de Phil Tipett, l'homme à l'origine des séquences de stop-motion de tous les grands films de SF hollywoodienne, de Starship Trooper à Jurassic Park, en passant par la trilogie Star Wars originale.


Ayant débuté ce projet de stop-motion titanesque dans les années 1980, peu après son travail sur RoboCop 2, Phila passé plus de trente années sur le film, travaillant sur celui-ci par les soirs et les fins de semaine.


Ce détail est important pour le visionnage du film. Je n'entends pas par là que le contexte de la création est nécessaire à l'appréciation du film, ce qui ne devrait jamais être le cas d'ailleurs, mais je veux simplement dire que cela enrichit l'expérience. Ayant moi-même fait de l'animation stop-motion amateur étant plus jeune, je sais à quel point le travail ayant été accompli pour ce film fut complexe. En effet, chaque seconde demande des heures de travail. Ainsi, si la tâche de faire un film stop-motion peut paraitre grande pour des films de grands studios, elle l'est encore plus pour un seul homme, aidé par une poignée d'amateur et d'étudiants.



L'intérêt de ce film est son aspect visuel. En effet, tout repose dans cela, car aucune parole n'est prononcée dans l'entièreté du film.En outre, le scénario en lui-même est plutôt mou, dans le sens où l'histoire est très simple et relativement linéaire, bien que chaotique et intrinsèquement surréaliste. Si message il y a, celui-ci est alors caché sous le monde allégorique qui nous est présenté à l'image, et que l'on découvre par l'intermédiaire des yeux de l'assassin, le personnage principal du film.


C'est donc sa descente dans les étranges enfers de ce monde qui nous intéresse, et c'est elle que l'on suit à travers la majeure partie du film. Dans le dernier tiers de celui-ci, l'assassin est alors remplacé par une insolite version du chestburster d'Alien, transporté à travers les catacombes de cet univers pour remplir une destinée transcendant autant l'animation stop-motion que l'histoire établit jusqu'ici.


Il est inutile de décrire les décors et les personnages défilant à l'écran durant ce film, car leur nombre est incroyablement élevé et d'une complexité dépassant toutes attentes. Le tout est toujours accompagné d'un éclairage extrêmement réussi, démontrant une réelle intention artistique, étant restécohérent à travers toutes les dizaines d'années nécessaires à la création de ce film.Chaque plan nous montre un aspect nouveau du monde de Mad God, de sorte que le spectateur, aussi attentif soit-il, manquera inévitablement des détails dignes d'intérêt et sur lesquels les artistes à leur origine ont mis beaucoup d'attention. Ainsi, le film nous invite à de multiple visionnage.


Malgré cette qualité majeure qu'a le film à provoquer un Sens of Wonder de plus en plus absent des œuvres hollywoodiennes récentes, deux points négatifs importants sont à indiquer. Le premier concerne la musique du film. En effet, j'ai trouvé que celle-ci ne correspond pas toujours à l'ambiance visuelle des scènes. Dans un film comme celui-ci, la musique n'a qu'à se contenter d'épouser les visuels de la façon la plus minimaliste possible.Pourtant même cette faible tâche m'apparait piètrement exécutée. Les instruments ont parfois des sonorités évoquant des émotions trop joyeuses, ou même parfois trop graves pour la situation, de sorte que je suis sorti de l'expérience à quelques reprises. Je dois toutefois préciser que tout n'est pas à jeter dans la bande-son, et que dans l'ensemble, les morceaux conviennent à ce qui nous est montré à l'écran.



Le deuxième problème réside dans l'utilisation d'acteurs, dans des scènes fusionnant live action et stop-motion. L'idée est parfois réussie, comme pour les plans où l'assassin est joué par un acteur, la scène subséquente à sa capture, ou encore pour son opération, mais elle l'est parfois moins, comme pour le personnage de Alex Cox, détonant complètement avec le décor et l'ambiance des scènes dans lesquelles il est intégré. Son costume même est trop flamboyant et propre, ce qui peut aussi être dit de son visage et de ses ongles, qui auraient dû être parsemés de boue et de sueur. De plus, l'infirmière apparait parfois dans des plans ou son intégration sur fond vert est excessivement visible, ce qui m'a une fois de plus sorti de l'expérience.


En somme, le film est un chef-d'œuvre, grâce à l'attention méticuleuse de Phil Tipett et de son équipe.Malgré quelques défauts imputables au manque de financement du film et à l'amateurisme exsudant des parties en live action, l'ensemble est un très bon film, débordant d'originalité et d'une débrouillardise rivalisant avec Eraserhead. À mon avis, ce film deviendra un classique méconnu, qui, espérons-le, trouvera un jour la gloire qu'il mérite.



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