J'ai lu sans famille au parfait moment, alors que j'étais âgé de dix ans. À cette époque, chaque détour semblait inattendu, chaque nouveau problème m'avait découragé et chaque retournement de situation m'avait surpris. Le néophyte littéraire que j'étais avait su apprécier chaque instant comme si Rémi et ses multiples aventures avaient été devant moi, aussi tangible que les pages qui se succédaient dans mes mains.
À peine six ans plus tard, j'ai tenté de revivre cette intense aventure comme autrefois je l'avais vécu, mais, maintenant, ce livre m'a plutôt paru comme un long souvenir passant à toute vitesse dans une vague de joie mélancolique.
Je suis encore novice en matière de littérature, encore impressionable et encore jeune, mais quelque chose en moi a changé.
Toutefois, si les leçons de vie véhiculées à travers l'histoire ne m'ont pas atteintes, j'ai pu apprécier le talent de conteur de Malot. Si les morts et les séparations n'on pas frappées mon coeur comme avant, j'ai tout de même pu admirer la prose de son auteur. Si j'ai vu les retournements de situations arriver à des kilomètres, j'ai quand même pu m'attacher aux personnages et admirer la joie de vivre de Rémi malgré l'adversité.
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