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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

À l'origine du Folk Horror

Dernière mise à jour : 21 oct. 2022

Le Folk Horror est un sous-genre d'horreur relativement ancien en comparaison avec les autres sous-catégories d'horreur. On peut en effet observer son apparition aux alentours de 1968, avec la sortie de Witchfinder General, ou encore avec la série télévisée The Owl Service, en 1969.


Le genre connaitra une forte popularité au cours des années 70, puis disparaitra momentanément des grands écrans pour finalement connaitre une renaissance dans les années 2010.


Le problème que l'on rencontre lorsque vient le temps de parler d'horreur folklorique est que ce sous-genre n'a pas d'approche unique ou de formule précise. Contrairement au Slasher, au Body Horror ou au Gothic Horror, le Folk Horror n'est pas un genre précis, mais une atmosphère. Parmi les éléments récurrents, on pourrait entre autres nommer le milieu rural, la communauté isolée et l'usage de croyances et de rites païens. Malgré ces points communs, le Folk Horror à une multitude d'approches différente:

Parmi les films les plus notables du genre, on peut trouver The Wicker Man et The Blood on Satan's Claw. Ces deux films, bien que dans le même sous-genre horrifique, n'ont que très peu de choses en commun.


Si The Blood on Satan's Claw est une histoire familière au Supernatural Horror, avec la présence psychologique et physique de Béhémoth, exerçant une influence malsaine sur les villageois, The Wicker Man demeure un récit tout à fait plausible, ou ce sont les croyances des habitants du village qui sont à l'origine de l'horreur du film, et non un quelconque évènement surnaturel.


The Wicker Man est donc un film qui se concentre sur l'opposition des croyances et du danger des communautés isolées. La claustrophobie du petit village est donc exercée sur le policier Neil Howie, investiguant sur l'affaire du meurtre, un fervent dévot chrétien, révolté par les mœurs immorales du village. C'est la confrontation des deux croyances qui crée donc l'effroi de ce film.


Quant à The Blood on Satan's Claw, l'horreur est contenue dans la présence du Béhémoth. La claustrophobie de l'environnement rurale se fait encore ressentir, mais le poids de cette force se retrouve chez les habitants du village eux-mêmes, dépassés par cette force maléfique qui leur enlève peu à peu leurs enfants. La forêt elle-même devient un endroit qui nous semble étroit, alors que les branches d'arbres semblent envahir le plan, comme si la nature engloutissait le petit village et le condamnait à demeurer isolé et exempt de toute aide extérieure. Toutefois, la présence psychologique et physique du Béhémoth demeure l'aspect le plus terrifiant du film. Une interprétation Lovecraftienne pourrait en être fait:


Le Béhémoth se présente premièrement comme une force psychologique qui rend les adolescents du village fou et possédé. Cette même force sème la panique dans le village en créant quelques victimes, puis finit par se présenter sous sa forme physique au dernier acte. Le Béhémoth n'est pas issu de croyances païennes et n'a rien à avoir avec les croyances ancestrales du village, dont on suggère que les habitants sont en majorité des chrétiens. C'est donc une force extérieure qui s'impose sur le village, comme le font souvent les divinités lovecraftiennes. Ce rapprochement est appuyé par l'aspect du Béhémoth, qui se veut d'être hors de ce que l'on connait. Contrairement aux mythes prémodernes, mélangeants la forme humaine et animal pour peupler leur bestiaire, l'aspect du Béhémoth semble plus étranger, provenant peut-être d'une autre planète, voire d'une autre dimension. Si un film comme The Village doit se limiter à l'imagination archaïque des villageois pour l'apparence du monstre, on veut ici montrer que le Béhémoth dépasse la compréhension des gens avec qui il entre en contact.


Le point commun qui relie les deux films ensemble est donc l'aliénation que provoque l'isolement rural. On pourrait aussi noter que les deux films se déroulent pour leur grande partie en plein jour, à contre-courant des autres films d'horreur, et que les deux films ne se terminent pas de façon particulièrement joyeuse.


Ce dernier détail est un point commun que possèdent bon nombre de films appartenant au genre du Folk Horror, mais il ne semble pas avoir de signification précise, hormis le fait que le décor rural se porte bien à l'écran lorsqu'il fait jour. Il nous plonge dans la vie des habitants ruraux, dont le cycle du sommeil est entièrement régulé par le levé et le coucher du soleil. De plus, ce manque de limitation et cette ouverture n'ont pas d'incidence sur l'exiguïté psychologique qui constitue l'atout principal du genre.

Le Folk Horror est donc une facette à part, lorsque l'on parle du genre horrifique. Il explore un environnement et un schème de pensée unique, caractérisé par une culture à part, mêlant la sorcellerie la plus occulte et païenne avec les croyances puritaines et vertueuses du christianisme. Si la popularité du Folk Horror s'est vue diminuée au début des années 80, il ressurgit maintenant au grand écran avec des films tels que Midsommar, Get Out et The Witch, prouvant que le 7e art n'en a pas fini avec ce sous-genre méconnu.


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