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  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

La Foire au ténèbre et la vieillesse

En raison de la qualité de cette réflexion plus que douteuse, j'ai jugé bon de publié ce torchon un lundi, jour inhabituel pour mes rélexions sortant plutôt à tous les mercredi. Sachez donc que cet essai n'a aucune valeur, et que je vous invite plutôt à lire la réflexion qui sortira deux jours après.


 

La foire au ténèbre, plus justement appelé Something Wicked This Way Comes en anglais, est un livre de ray Bradbury publié en 1962. Ce roman raconte l’histoire de Jim Nightshade et de William Halloway, deux meilleurs amis de treize ans, et de leur terrifiante rencontre avec un carnaval itinérant qui arrive chez eux à Green City. Le carnaval est dirigé par l’énigmatique M. Dark, qui peut exaucer les désirs des citoyens. M. Dark est un individu cruel, se nourrissant de la peur des autres. Quand les deux garçons découvrent le secret de M. Dark, ils doivent se cacher dans l’espoir de ne pas se faire prendre par le terrible chef du carnaval.


Dans sa version anglophone, le livre est rempli de sagesse et de citation méritant de nombreuses réflexions. Cependant, un passage précis est ressorti de la page en raison de son contexte. La ligne est pensée par Charles Halloway, le père de Will. Pendant le livre, on voit qu’il est malheureux à cause de son âge. Il a maintenant plus de cinquante ans alors que son fils n’a que treize ans, ce qui le fait se sentir encore plus vieux.


À de nombreux moments au cours du livre, nous voyons comment il pense et combien il est affligé par le fait qu’il ne peut pas être là pour son fils comme un jeune père le pourrait. Il voudrait être plus avec lui, et ce désir est encore plus fort quand il voit son fils courir avec Jim, le meilleur ami de Will. Dans le troisième chapitre du livre, par exemple, un passage traduit très bien cette émotion:


« À regarder les deux garçonnets disparaître, Charles Halloway réprima une furieuse envie de partir en courant avec eux, pour compléter le groupe. Il comprenait à merveille ce que leur apportait le vent, où il les emmenait, vers quels endroits secrets qui ne retrouveraient jamais ce charme de mystère dans la suite de l’existence. Au fond de lui, une ombre se retourna tristement comme en une tombe. Par une nuit pareille, il fallait courir, pour échapper à la tristesse. »

En plus de sa peur du vieillissement, manifestée par son désir de courir avec son fils, il sait que la majeure partie de sa vie est derrière lui. Il pense aussi qu’il ne l’a pas vécu à son plein potentiel et qu’il est trop tard pour combler cette lacune. Dans une première scène du livre, nous le suivons dans une nuit d’automne, alors qu’il se promène dans la ville pour se rendre à la bibliothèque publique où il travaille comme concierge. Ses pas sont lents, et ses yeux sont utilisés. La narration de Bradbury fait presque couiner ses os pour montrer son âge.


Bien que la mort semble le hanter pendant la majeure partie du livre, il l’accepte finalement à la fin du livre. Dans les derniers chapitres, Charles Halloway chasse avec succès M. Dark et le carnaval hors de la ville, sauvant ainsi son fils et toute les habitant de Greentown. En faisant cela, il se sent enfin accompli, et sa peur du vieillissement est vaincue une fois pour toutes. Il a sauvé son fils et il se rend compte qu’il n’est pas trop tard pour vivre. Il peut encore vivre sa vie au maximum, même à son âge. C’est à ce moment qu’apparaît la citation que j’ai choisie:


« Le père n’hésita qu’une fraction de seconde. Il sentait une douleur sourde dans sa poitrine. Si je pars au galop, se disait-il, que se passera-t-il ? Mais la Mort, est-ce si important ? Non. C’est tout ce qui se passe avant la Mort qui seul compte. Et nous nous sommes bien débrouillés, ce soir. Même la Mort ne peut pas gâcher cela. »

Libéré de sa peur, Halloway décide finalement de courir avec son fils et son meilleur ami. Cette scène finale montre clairement que la seule chose qui a empêché Halloway de vivre une vie remplie était la perception inexacte de lui-même.


Je suis tout à fait d’accord avec cette fin, et je pense que c’est une bonne philosophie de vie. Cela nous rappelle qu’à la fin, on ne se souviendra que d’une fraction de ce que vous avez fait. Il nous fait constamment reconsidérer ce que nous faisons avec notre vie.

Cela m’a aussi rappelé l’un de mes passages préférés des Lettres morales à Lucilius de Sénèque. À la fin de sa vingt-deuxième lettre, Sénèque déclare :

« Tous veillent, non pas à vivre bien, mais à vivre longtemps, alors qu'en fait il est donné à tous de bien vivre, mais de vivre longtemps à personne. »

En d’autres termes, vivre au maximum est mieux que d’essayer de vivre le plus longtemps, parce que vous ne pouvez pas contrôler le premier. Je pense que c’est un message puissant qui doit être plus largement répandu.

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