top of page
  • Photo du rédacteurLucas G. Blanchard

Apparition

Dernière mise à jour : 11 févr. 2022


Apparition est une nouvelle fantastique qui trainait dans mon placard depuis quelques temps. Je la dépose ici, au cas où quelqu’un serait intéressé, se que je doute fortement, mais tant pis.


M. Poole était un jeune trentenaire qui ne laissait que très peu de place au divertissement dans sa vie. Mais aujourd’hui, il en avait décidé autrement. De toute façon, il n’avait pas eu le choix de faire une exception. -Un Vendredi saint, on ne peut pas se rendre au travail voyons! C’était écrié son employeur lorsque Frank lui avait fait part de son idée.


Celui-ci n’aurait pas voulu manquer une journée de travail, mais cette fois-ci, on lui avait imposé ce congé. Son employeur avait essayé de prendre une journée de repos mais Poole n’en avait aucune envie. À vrai dire, il ne savait même pas ce que voulait dire le mot repos. Ses fins de semaines, il les passait tous à jardiner sur son vaste terrain de campagne. Frank ce réveilla donc par une charmante journée de congé dans sa grande maison, réveillée par le chant mélodieux des oiseaux qui peuplaient son arrière cour en grand nombre.


C’est justement celle-ci qu’il avait décidé d’explorer aujourd’hui. Il ne tenait pas en place et n’aurait pas pu employer sa journée à rester chez lui et regarder la télévision comme tout ses collègues savaient si bien le faire. Cela faisait maintenant trois ans qu’il habitait ici. Pourtant, il n’avait jamais exploré le bois qui se trouvait derrière chez lui. Apparemment, il n’y avait aucune habitation derrière la forêt mais Frank voulait en avoir le cœur net. Vers, dix heure, il était prêt à entreprendre son exploration. Il avait assez de nourriture pour deux jours, une tente et de l’eau, le tout, dans son sac à dos.


C’était peu mais suffisant pour se rendre jusqu’au bout de la forêt ou du moins, jusqu’à assouvir sa curiosité. Dans le meilleur des scénarios, la forêt aboutirait à une ferme ou à un quelconque endroit habité au bout de quelques heures de marche. Lorsque Frank entra dans la forêt, il vit rapidement que les conifères se faisaient rares même à l’intérieur de la forêt, de nombreux arbres mous parsemaient l’endroit et des fougères jonchaient le sol sans oublier le classique tapis de feuilles mortes craquant au contact des pas du jeune homme. Les arbres et leurs feuilles filtraient le soleil, créant ainsi un magnifique éclairage tamisé. Contrairement à la plupart des Vendredis saints précédents, il faisait beau et chaud.


C’était la journée parfaite pour faire une excursion en forêt comme celle-ci. Après trois bonnes heures de marche, rien dans le paysage n’avait changé et la forêt semblait se poursuivre indéfiniment, Frank en profita donc pour s’arrêter sur un cap de roche et sortir le premier repas depuis le début de son exploration qui se trouvait dans son sac à dos. En mangeant son sandwich, le jeune homme écoutait les sons de la forêt. L’écoulement d’un petit ruisseau en contrebas, le léger son que produisait les feuilles des arbres s’entrechoquant au doux rythme du vent et le chant des oiseaux, le tout, formant ce que Frank appela : la paisible mélodie de la forêt.


Bien que celui-ci aurait préféré une journée de travail, il ne pouvait pas nier que cette excursion lui plaisait et qu’il ne la regretterait aucunement par après. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Le restant de l’après-midi se passa comme l’avant-midi l’avait été. Le terrain c’était toutefois avéré plus irrégulier qu’au début, les rochers se faisant plus fréquents et imposants. Vers dix-sept heure, Frank vit que la forêt débouchait finalement sur une plaine aux herbes très hautes, l’empêchant de voir à plus de deux mètres de distance.


En s’y aventurant, les herbes devinrent plus basses, ne dépassant pas les hanches de Frank. Il vit alors que la plaine était entourée d’arbres. La forêt gagnait peu à peu du terrain et il ne restait plus qu’une plaine d’environ quatre-cents mètres de diamètre au millieu duquel se trouvait une vieille chapelle abandonnée depuis des lustres.


Frank s’en approcha curieux de voir ce qui pouvait bien se trouver à l’intérieur. Le toit du bâtiment était presque entièrement arraché, les vitraux étaient tous cassés et la nature avait repris ses droits. Les murs de pierre étaient recouverts de plantes grimpantes et un arbre avait commencé à pousser à travers le plancher de bois. L’intérieur du bâtiment délabré était presque vide.


Seuls quelques cierges avaient survécu à l’abandon total de la chapelle. Ils étaient encore parfaitement disposés un peu partout dans l’unique salle du bâtiment de sorte que, si Frank les avait allumés, elles éclaireraient également tout l’endroit de leurs flammes. Il était dix-huit heure lorsque Frank sortit de la chapelle. Le soleil descendait tranquillement à l’horizon, rappelant ainsi au jeune homme qu’il était temps d’établir son camp pour la nuit.


Il retourna donc dans la forêt à quelques mètres de la plaine pour y installer sa tente, et prendre un maigre souper. Voyant qu’il ne restait plus assez de temps pour aller chercher du bois et faire un feu, il alla se coucher sans préambule. Inutile de dire que, seul dans le bois et à des kilomètres de chez soi, Frank aurait difficilement osé sortir de sa tente en pleine nuit. Il redoutait rencontrer un ours, c’est pourquoi il jugea nécessaire de n’allumer aucune lampe durant la nuit et s’assura de ne pas laisser de nourriture à l’extérieur de la tente, de peur d’en attirer un. Mais malheureusement pour lui, après avoir pris toutes les précautions, Frank n’avait toujours pas l’esprit tranquille ce qui l’empêchait de dormir.

Dans sa jeunesse, Frank avait souvent fait du camping sauvage avec son père. Il lui avait apprit les techniques permettant d’éviter les éventuels rencontres avec des ours mais ne lui avait jamais enseigné l’art de ne pas les craindre. De toute façon à cette époque, ce n’était pas un problème pour le jeune Poole. Un garçon se sent toujours en sécurité auprès de son père, mais maintenant qu’il se trouvait seul, au beau milieu d’une forêt qu’il ne connaît encore que très peu, ce n’était plus la même chose.

Quel fût sa peur lorsqu’en pleine nuit, dans les alentours de vingt-trois heure, un bruit parvint à ses oreilles en éveillant au passage tout ses sens maintenant en alerte! Quel fût son effroi lorsque Frank comprit que ce bruit était en fait celui d’un tambour! Et qui dit tambour dit bien évidemment humain. Mais quel type de personne viendrait jouer du tambour dans une forêt inhabitée à une heure pareil! C’est ce que Frank voulut savoir et bien que la peur le tenaillait, elle aurait été insoutenable s’il n’était pas aller voir celui qui était la cause de tout ce bruit.


En sortant de sa tente, Frank vit que le son provenait de la plaine et qu’une forte lumière l’accompagnait. Il décida de passer par un talus surplombant la plaine afin d’avoir une vue d’ensemble sur l’étrange réunion qui était à l’origine de tout se dérangement, car, en effet, il entendait maintenant plusieurs tambours et compris donc qu’il avait affaire à plus qu’un simple homme sous l’effet de l’alcool tapant maladroitement sur un tambour.

Se cachant dans les hautes herbes, Frank se décida finalement à jeter un coup d’œil et ce qu’il vit le terrifia. Tout les cierges de la chapelle avait été allumé et un grand feu de joie se trouvait juste en face du bâtiment. Une vingtaine de personnes se tenaient en indien, dos à Frank. Chacun portait une longue pèlerine blanche recouvrant l’entièreté de leurs corps ainsi qu’un masque de la même couleur. Les vingt fixaient intensément trois hommes dotés des mêmes vêtements qu’eux, danser au rythme endiablé des tambours. Puisqu’ils étaient face à Frank, il put aisément voir le devant de leurs horribles masques.

Ceux-ci émulaient tout les trait et les courbes du visage d’un même homme. Seul l’œil gauche du masque blanc possédait un trou permettant au porteur d’y voir à travers. Un morceau de tissu avait habilement été installé sur la bouche et la narine gauche du masque tandis que l’autre était recouverte tout comme l’œil droit. Frank était complètement apeuré. La lugubre messe qu’il avait sous les yeux n’avait rien pour le rassurer mais il resta là, à fixer les danseurs, comme envoûté par ce rituel impie. Cela dura quelques minutes. Ou était-ce quelques heures? Le jeune homme n’aurait pas su le dire. Sous l’emprise de leur danse, Frank avait perdu toute notion du temps et il aurait très bien pu rester là toute la nuit, tant que les tambours battaient et que les danseurs dansaient.


Mais les tambours s’arrêtèrent subitement, l’un des trois homme s’immobilisa et regarda Frank qui, de son côté, pris conscience de la situation. Mais les vingt hommes aussi venaient de sortir de leure torpeur. Le danseur pointa alors le spectateur inconnu d’une main gauche, toute tremblante.

Comprenant qu’il avait été repairé, Frank retourna à sa tente en courant, pris son sac à dos et s’enfuit le plus vite possible et ce, sans même songer à la direction qu’il devait prendre. Au diable les ours, c’était maintenant le dernier de ses problème. Mais les hommes masqués étaient visiblement mécontents de la visite que Frank leurs avait offert. C’est pourquoi ils se mirent à la poursuite de celui-ci sans plus attendre. Frank vit rapidement surgir le faible éclat des lampes torches se braquant sur lui. Poussé par l’adrénaline mais aveuglé par la peur et l’obscurité, il continua à s’enfuir désespérément des hommes vêtus de blanc qui le rattrapaient peu à peu. C’est alors qu’il trébucha sur une racine qui ressortait légèrement du sol.


Alors que les hommes masqués arrivaient, il essayait de se relever mais retomba à plusieurs reprises. Trop épuisé, son corps et ses muscles se relâchèrent tous. Frank Poole jeta alors un dernier regard au hommes qui se tenaient devant lui, flottant dans les airs, leurs robes diaphane au vent, puis ses paupières se refemèrent tranquillement, une bonne fois pour toutes.

Comments


bottom of page